Colloque de la Conférence des Eglises Européennes
sur la protection du patrimoine religieux
(Chypre, 8-10 novembre 2017)
L’impasse du conflit
inter-orthodoxe russo-ukrainien :
Et si le patriarche œcuménique
de Constantinople
ouvrait une représentation à Kiev ?
Antoine Arjakovsky
Pour commencer je voudrais remercier chaleureusement pour
leur invitation et pour leur hospitalité les organisateurs, la Conférence des
Eglises en Europe et l’Eglise Orthodoxe de Chypre, de cette consultation sur
« Les lieux de culte et de patrimoine religieux en Europe et au
Proche-Orient : Statut et protection sous la loi nationale et
internationale ».
Il m’a été demandé de proposer mon éclairage sur le conflit
croissant au sein du monde orthodoxe autour des lieux de culte en Ukraine,
notamment sur le point des lois actuellement en discussion à la Rada qui
pourraient accélérer les changements d’appartenance juridictionnelle des
communautés ecclésiales.
Permettez-moi au cours de cet exposé de ne pas me contenter
de présenter la situation législative conflictuelle actuelle mais aussi,
puisque la visée ultime de notre consultation est de trouver des chemins de
paix, de proposer une solution au conflit, certes originale et néanmoins à mon
sens très sérieuse, à savoir l’ouverture d’une représentation panorthodoxe du patriarcat
de Constantinople à Kiev. J’argumenterai en trois points ma proposition avant
de conclure par un quatrième argument en faveur de cette solution.
J’ose sortir des discours répétitifs traditionnels,
pessimistes ou convenus, sur l’anarchisme ecclésial qui serait congénital au
monde orthodoxe ou sur le caractère qui serait inextricable du conflit
russo-ukrainien, en formulant une proposition phare. Car au-delà du conflit
inter-ecclésiastique actuel qui se joue autour de la possession des lieux de culte
on trouve une vraie guerre qui a fait déjà plus de 10 000 morts, des
centaines de milliers de blessés et plus d’1,5 million de déplacés rien qu’en
Ukraine. Or de nombreux observateurs considèrent que s’il n’y avait pas un
conflit ecclésiologique pluri-séculaire entre Moscou et Constantinople il n’y
aurait ni guerre juridique autour des lieux de culte ni même de guerre
militaire entre la Russie et l’Ukraine.[1]
Je sais qu’on critiquera ma proposition qu’on classera très
vite comme utopique ou peut-être même comme dangereuse, mais je sais aussi que
c’est ce qui est arrivé dans le passé à bien des idées originales qui se sont
néanmoins accomplies. Donc je prie l’assistance de bien vouloir accorder toute
son attention à cette proposition de paix et ceux qui la critiqueront de
proposer de meilleures idées permettant réellement de mettre fin à la
crise actuelle de la gouvernance ecclésiale orthodoxe.
1)
Le conflit russo-ukrainien des
juridictions ecclésiales
Les deux lois en cours de discussion depuis 2016 à la Rada de
Kiev portent sur une nouvelle procédure d’accréditation en Ukraine des responsables
ecclésiaux dépendant d’une Eglise située dans un pays agresseur (n°4511) et sur
les modalités de changements de juridiction pour les communautés religieuses (n°4128).
Le patriarcat de Moscou considère que l’Eglise orthodoxe ukrainienne qui dépend
de sa juridiction est discriminée par ces lois. Il exige que la propriété des
communautés religieuses dépende de la décision de l’archevêque et que les
membres de ces communautés religieuses ne puissent pas être décisionnaires sur
la question d’un changement éventuel de juridiction.
Les autorités ukrainiennes ont répliqué, en mai 2017, d’une
part en expliquant, chiffres à l’appui, qu’elles ne discriminent aucune Eglise
lorsque celles-ci envoient des documents de demande d’enregistrement de leurs
communautés remplis en bonne et due forme.[2]
Elles affirment, d’autre part, que selon la loi en vigueur en Ukraine les
Eglises ne disposent pas de la personnalité juridique, c’est la raison pour
laquelle seules les communautés religieuses (paroisses, monastères, etc…)
peuvent être décisionnaires et propriétaires. La loi ukrainienne, en conformité
avec la Cour européenne des droits de l’homme, a toujours défendu ce principe.
La loi n° 4128, soutenue en particulier par le gouvernement
ukrainien, mais aussi par des personnalités orthodoxes connues telles que le
diacre de l’Eglise russe Andreï Kurayev ou l’archimandrite ukrainien Cyrille
Hovorun, précise seulement que les membres d’une communauté sont ceux qui y
participent réellement dans les assemblées paroissiales, ce qui protège la
paroisse de décisions qui seraient prises par des touristes passagers.[3]
De même, avec la loi 4511, les autorités ukrainiennes expliquent, avec l’assentiment
de l’OSCE, que, compte-tenu de la guerre existante avec la Russie, elles
veulent être en mesure de cesser l’activité des responsables ecclésiaux qui
pourraient être surpris à entretenir des liens avec des organisations
terroristes. Elles reprochent par ailleurs à la Douma de Russie d’avoir adopté
en juin 2016, sans protestation du patriarche Kirill, de nouvelles lois allant
contre la liberté de conscience et empêchant le travail missionnaire des
Eglises.[4]
Mais compte tenu des réactions virulentes du patriarcat de
Moscou, mais aussi des réserves des représentants de l’Eglise catholique romaine
qui craignent de perdre une bonne partie de leurs lieux de culte si les fidèles
disposaient d’une voix équivalente à celle de leurs autorités hiérarchiques, du
risque enfin de voir l’Etat ukrainien entrer dans le processus décisionnel des
Eglises (de fait, depuis le début de la guerre russo-ukrainienne le patriarche
de Moscou n’a pas obtenu l’autorisation de se rendre en Ukraine), ces lois
n’ont toujours pas été soumises au vote des députés.
Mgr Evstrati Zoria, le
porte-parole de l’Eglise Orthodoxe ukrainienne (patriarcat de Kiev) propose quant
à lui des compromis. [5]
Il suggère d’une part de fondre un 3e projet de loi, qui demande de
préciser clairement l’appartenance des paroisses à leur juridiction d’origine,
avec le projet de loi n°4511. Il demande de préciser que l’Etat ne doit nommer aucune
personnalité ecclésiale, mais qu’il dispose seulement de la possibilité
d’accepter ou de refuser la nomination de tel ou tel évêque (tout comme le pape
dispose du droit de refuser tel ou tel ambassadeur). Le patriarcat de Kiev propose en outre aux
autres Eglises que la demande des paroissiens de changer de juridiction dépende
d’un certain seuil pour être valide (par exemple les deux tiers) et que les
paroissiens restés en minorité bénéficient de la possibilité de célébrer
ailleurs ou dans le même édifice de façon alternative.
Ces deux lois seront
donc probablement réécrites et soumises au vote des députés dans les prochains
mois. Le président Porochenko a déjà expliqué le 7 septembre 2017 devant la
Rada qu’il ne signerait pas la loi n°4511 en sa rédaction actuelle. De fait, il
dispose déjà de tous les moyens légaux pour empêcher les tentatives hybrides, avérées
malheureusement par plusieurs observateurs, de collusion entre certains
représentants du patriarcat de Moscou et les forces terroristes russes
présentes à Donetsk, notamment l’Armée orthodoxe du Donbass[6]
qui est dirigée par un russe Mikhail Verin.[7]
2)
Le conflit persistant entre les
Eglises de Moscou et de Constantinople et son issue possible
Le vrai conflit cependant, chacun ne peut que le constater,
se joue entre le patriarcat de Moscou et le patriarcat de Constantinople au
sujet non seulement du statut et du contrôle de l’Eglise Orthodoxe d’Ukraine
mais surtout à propos du contrôle de l’Eglise orthodoxe dans son ensemble. Chacun
sait que l’Eglise de Kiev considère l’Eglise de Moscou comme sa fille au plan
historique et non comme sa mère. Tandis que le patriarcat de Moscou qui se
considère comme l’unique héritier de l’Eglise de Kiev a voulu imposer sa
domination sur l’orthodoxie ukrainienne à partir du moment où celle-ci a fait
le choix de la reconnaissance du concile de Florence en 1439.
Tout a été écrit déjà sur le fait que si l’Eglise de Moscou
perdait la juridiction sur l’Ukraine non seulement elle perdrait un grand
nombre de ses paroisses et de ses cadres ecclésiastiques, mais surtout elle
devrait mettre un terme à son grand projet, apparu au XVIe siècle, de devenir
« la troisième Rome », le phare non seulement de toute l’Orthodoxie
mais aussi de l’Eglise du Christ toute entière. Conscient de l’importance
déterminante de ce facteur religieux dans le conflit russo-ukrainien, le
président Petro Porochenko, lui-même de confession orthodoxe, s’est prononcé en
septembre 2017 en faveur d’une reconnaissance par Constantinople de
l’autocéphalie de l’Eglise Orthodoxe ukrainienne[8].
Au mois de septembre 2017 le député ukrainien Victor Yélensky
a également expliqué que le patriarche de Constantinople n’avait répondu ni à
la demande de la Rada, en juin 2016, ni à celle du président Porochenko de
reconnaître l’Eglise orthodoxe de Kiev comme autocéphale car il craint que l’Eglise
de Moscou ne perde l’essentiel de ses communautés et ne réagisse en rompant
tous liens avec lui.[9]
Afin de
sortir du conflit et d’éviter surtout qu’il ne provoque d’autres guerres il
serait utile d’étudier l’idée selon laquelle le siège de Constantinople ouvre
une représentation panorthodoxe à Kiev. Il pourrait ainsi non seulement faciliter
une réconciliation entre les chrétiens en Ukraine mais il serait en plus
parfaitement fidèle à sa mission de supervision panorthodoxe dont il a hérité depuis
la rupture du monde chrétien oriental avec le monde chrétien occidental après
la chute de Constantinople en 1453. Il pourrait alors offrir à la plus que
millénaire Eglise locale ukrainienne une organisation autocéphalique, capable
d’élire son propre primat, tout en se constituant un espace privilégié pour
présider et administrer la communion des Eglises orthodoxes. Enfin il mettrait
en pratique sur le territoire des Eglises mères le principe d’assemblées
épiscopales inter-juridictionnelles qui fonctionne dans les pays dits de
« diaspora », c’est-à-dire sur les trois quarts de la planète, et qui
a été adopté formellement au concile de Kolymbari en juin 2016.
Originellement le siège épiscopal n’était pas statique, il se mouvait en fonction des
circonstances historiques. Il pourrait aujourd’hui retrouver son sens dynamique
originel, celui non pas de procurer un repos rassasié à son détenteur mais d’accueillir la sagesse divine.
Le célèbre constitutionnaliste français Maurice Hauriou considérait que
« le droit est une sorte de conduite qui vise à
réaliser l'ordre et la justice ». C’est la raison pour laquelle une
institution comme le patriarcat de Constantinople, dont la mission depuis son
rejet du concile de Florence est de permettre la communion entre ceux qui
confessent la foi orthodoxe, se doit de se remettre en question au-delà du
normativisme juridique et au nom même du bien commun.
3)
Les arguments en faveur d’une représentation panorthodoxe du
siège de Constantinople à Kiev
De jure la Rus’ de Kiev, après le baptême du
prince de Kiev Vladimir en 988 s’est trouvée dans la juridiction ecclésiale du
patriarcat de Constantinople. Le patriarcat de Constantinople y a envoyé des
évêques jusqu’au XVe siècle et son autorité a été reconnu par le métropolite de
Kiev Petro Mohyla jusqu’au XVIIe siècle. Constantinople n’a jamais reconnu
l’annexion de la métropole de Kiev en 1686 par le synode de l’Eglise russe
après l’invasion par l’empire russe des terres situées sur la rive gauche du
Dniepr. De plus, à partir de 1721, l’Eglise de Moscou, dont le statut
d’autocéphalie avait été arraché à Constantinople en 1588, perdit son statut de
patriarcat par la volonté du tsar Pierre le Grand. Ceci a été rappelé encore en
août 2016 à Kiev par Mgr Job de Telmessos, l’envoyé du patriarche Bartholomée
en Ukraine. Ajoutons que l’Eglise orthodoxe ukrainienne qui se trouve dans
l’émigration aux Etats-Unis ou au Canada s’est placée spontanément sous la
juridiction de Constantinople quand cela fut rendu possible après la chute du
mur de Berlin.
En ouvrant à Kiev une
procure le patriarche de Constantinople pourrait obtenir en retour que tous les
évêques orthodoxes se placent sous l’autorité d’une assemblée des évêques (ce que Moscou a été incapable
de créer depuis le schisme de 1991 entre les Eglises orthodoxes ukrainiennes du
patriarcat de Kiev et du patriarcat de Moscou). Ceux qui refuseraient devraient
alors se placer sous la juridiction directe de Moscou mais devraient alors
remplir les conditions de contrôle imposées par l’Etat ukrainien aux Eglises
situées dans les pays agresseurs. Le chef de cette Eglise disposerait de
l’autonomie dans un premier temps puis, à l’occasion d’une nouvelle élection patriarcale
ouverte à l’ensemble des juridictions présentes en Ukraine, celui de l’autocéphalie.
Ce faisant le patriarche turc serait vivement critiqué par le
patriarche russe. Son geste pourrait conduire, comme on l’a vu en 1996 après le
rétablissement de l’Eglise orthodoxe estonienne dirigée également par un
métropolite grec, à une rupture de communion entre les deux sièges de Moscou et
de Constantinople. Mais d’une part le patriarche Kirill n’a pas reconnu l’autorité
du patriarche Bartholomée en refusant de se rendre au concile panorthodoxe en
juin 2016 en Crète, ce qui le place déjà dans une situation de schisme au moins
sur le plan de la gouvernance ecclésiale. D’autre part, le patriarche Kirill ne
se prive pas de son côté de créer des structures para-ecclésiales au Proche
Orient et en Turquie même sur le territoire canonique direct du patriarche de Constantinople.
Le général russe du FSB Sergeï Stépachine n’a fait qu’informer le patriarche de
Constantinople de la création en 2017 en Turquie d’une antenne de la Société
impériale orthodoxe de Palestine.[10]
Celle-ci travaille à récupérer ou à racheter les lieux de culte sur le
territoire canonique du patriarche byzantin. En France on sait également que la
cathédrale orthodoxe de Nice qui relevait de l’autorité du patriarche de
Constantinople lui a été prise au moyen des tribunaux par l’Etat russe avec la
complicité du patriarcat de Moscou. Le patriarche de Constantinople n’a donc
pas grand-chose à perdre puisque son autorité est déjà constamment et
publiquement remise en question par le patriarche de Moscou.[11]
En revanche l’avantage que le patriarche œcuménique de
Constantinople pourrait tirer de ce geste est triple. Il serait d’une part de
régler à 90% le problème de la division de l’orthodoxie au sein de la deuxième
nation orthodoxe dans le monde. On sait en effet que les ¾ des 25 millions de chrétiens
orthodoxes ukrainiens se trouvent actuellement sous la juridiction du
patriarcat de Kiev[12].
On estime de plus que sur le quart des fidèles restants (Patriarcat de Moscou
et Eglise autocéphale) plus de 75% rejoindraient cette nouvelle assemblée des
évêques comme en témoigne déjà le transfert, croissant depuis 2014, de
paroisses de l’EOU PM vers l’EOU PK.
Cela lui permettrait deuxièmement de trouver la protection
auprès d’un Etat qui cherche à l’accueillir (au niveau de l’exécutif comme du
législatif), qui est prêt à lui donner des moyens financiers et surtout plus de
marges de manœuvres que ne le fait le pouvoir turc. Ce dernier en effet lui
empêche toute activité missionnaire au point même de refuser de lui restituer
son école de théologie sur l’île de Halki. Ajoutons que les orthodoxes vivent
avec le mythe que le siège ecclésial de Constantinople n’a pas chuté en 1453,
mais seulement la cité impériale, malgré l’évidence douloureuse de la fermeture
de la cathédrale sainte Sophie, la fin de tous ses privilèges politiques et l’amenuisement
progressif de son rôle ecclésial au Phanar. Ils sont aussi les seuls au monde à
refuser de nommer Istanbul la ville de résidence du patriarche Bartholomée. Ce
refus de la réalité témoigne surtout de l’incapacité des chrétiens orthodoxes à
accepter le rôle de l’histoire, et de la liberté humaine, dans le mystère de la
divino-humanité.
Au contact de l’Eglise ukrainienne le patriarche pourrait
également faire avancer la réforme au sein de l’Orthodoxie. Songeons que les
Eglises de tradition grecque n’ont toujours pas atteint le niveau de conscience
du concile de l’Eglise russe de 1917 puisqu’elles ne reconnaissent toujours pas
les décisions et orientations de ce concile (élections des évêques, engagement
œcuménique, traduction des textes liturgiques, engagement social des laïcs,
etc...). Ceci aboutit à la situation cocasse que les évêques élus selon la
règle du concile de Moscou, qui relèvent de la juridiction de Constantinople
(au sein de l’exarchat en France des paroisses russes en Europe occidentale,
mais aussi au sein de l’OCA aux Etats-Unis), disposent d’une reconnaissance
de fait et non de droit de la part du… patriarcat de Constantinople.
Conclusion
Les gestes prophétiques sont souvent productifs sur le long
terme. En Occident c’est après s’être rendu à Avignon que les papes de Rome
sont réellement devenus puissants. Olivier Clément imaginait un siège itinérant
pour le patriarche de Constantinople qui commencerait par l’île de Patmos. Le
patriarche Athénagoras, en ouvrant le Centre de Chambésy, eut pendant un temps
la même vision d’organiser sa mission fédératrice de préparation du concile
panorthodoxe et de témoignage œcuménique auprès des institutions
internationales (ONU, COE,…) depuis la Suisse. L’avantage historique cependant
de l’Eglise d’Ukraine, par rapport à la Grèce ou à la Suisse, est qu’elle est
sa fille directe, le fruit vivant de son action missionnaire, et un lieu de
réconciliation futur avec l’Eglise de Moscovie.
Paradoxalement, en quittant Istanbul, en acceptant de se
replonger dans l’histoire, de rouvrir au culte la cathédrale sainte Sophie de
Kiev (avec très certainement le soutien de l’Eglise grecque catholique
ukrainienne qui a toujours affirmé son appartenance à la tradition byzantine),
le patriarche d’Istanbul, qui n’a pas pu empêcher la fermeture par les sultans
de sainte Sophie de Constantinople, pourrait réellement actualiser son rôle de
primat pour l’ensemble du monde orthodoxe… En retrouvant sa
liberté d’action il pourrait également avancer plus fermement dans son
rapprochement avec les Eglises protestantes et avec l’Eglise catholique.
Enfin, en mettant en œuvre dans la réalité une gouvernance
post-ethnique de l’Eglise, comme cela fut proposé par les pères du concile de
Kolymbari, il permettrait de mettre fin progressivement au conflit
ethnico-politico-religieux entre la Russie et l’Ukraine mais aussi aux disputes
qui déchirent d’autres Eglises locales. Après tout, le rêve géo-politique de
l’orthodoxie ne peut plus être ni l’empire de Constantin, ni le statut éternel
de dhimmi (de non musulman dans un
Etat musulman), ni moins encore une version post-moderne ou néo-russe de la
symphonie byzantine, cette invention malheureuse d’Eusèbe.
La vision géopolitique de l’Eglise orthodoxe ne peut être que
celle de la rencontre de la Sagesse terrestre avec la Sagesse divine, qui n’est
autre que la vision de saint Jean l’évangéliste dans son livre de la
Révélation.
[1] A. Arjakovsky, Russie-Ukraine : de la guerre à la
paix ?, Paris, Parole et Silence, 2017 ; A. Arjakovsky, Russie-Occident : comment sortir du
conflit ?, Paris, Balland, 2017.
[5] « А, отже, було б цілком логічно, якби дві Церкви
домовились про певний алгоритм. Зокрема, якщо в законі написано, що громада
може визначитись, то згідно з цим алгоритмом, наприклад, як і прописано в
законопроекті, якщо більше 50% громади проголосують чи 60%, чи 70%, чи дві
третини, чи три четверті - це предмет домовленостей, утім, якщо більшість хоче
вийти, то тоді та сторона, яка навіть незадоволена, це сприймає як волю своїх
парафіян. » https://risu.org.ua/ua/index/monitoring/society_digest/67131/
[12] Dans l’ensemble en 2016 38,4 %
des Ukrainiens se déclarent membres du patriarcat orthodoxe de Kiev contre 17,4
% qui se déclarent appartenir au patriarcat orthodoxe de Moscou. Mais du fait
de l’histoire soviétique de l’Ukraine, il y a deux fois plus de paroisses
enregistrées dans l’EOU PM (environ 10 000) que dans l’EOU PK. https://risu.org.ua/ua/index/expert_thought/open_theme/67281/